Le Sabot

Cf Larousse; Petit morceau de bois de forme ronde se terminant par une pointe,

on peut le considérer comme l’ancêtre de la toupie :

nous allons donc sur les traces dans les textes de nos anciens :

Chez les romains

Acron lors de commentaires sur Horace, décrit un objet dénommé Trochus que l’on frappe avec un fouet pour lui donner un mouvement de rotation.

Cette citation est à prendre avec précaution car le mot «  trochus » est plus souvent utilisé pour décrire une cerceau d’airain ou de bronze que l’enfant pousse devant lui à l’aide d’un bâton. Ce bâton à l’origine légèrement recourbé, comme une crosse, était « crochu »…

Pline compare l’ombre projetée par le sabot à une « meta »  renversée,( la meta étant une borne de démarcation romaine), signalant que ce jeu à la faveur des enfants.

Diverses formes de Méta

 

Persée n’avait d’autre ambition que de faire tourner à coup de fouet son sabot de buis

Virgile dans le livre VII de l’Enéïde par le du sabot en un paragraphe qui débute ainsi, « Volitans sub verbere turbo …. » n’étant pas latiniste je passe sur la suite et qui peut donner cours selon les traducteurs aux textes suivants :

Au XIXéme siècle

« Sous le fouet pliant qui siffle et la poursuit

Roule ce buis tournant dont s’amuse l’enfance

Il court, il va, revient sous un portique immense.

La jeune troupe observe avec étonnement

Des cercles qu’il décrit l’agile mouvement,

L’exerce sans relâche et, l’arrimant sans cesse

Par des coups redoublés, redouble sa vitesse. »

Par un traducteur contemporain et mis en forme différemment

« On dirait la toupie qui vole sous les coups du fouet :

Des enfants la chassent en grands cercles autour des atriums déserts,

Captivés par leur jeu ; bondissant sous la lanière, elle se déplace en longues courbes

La troupe enfantine se penche tout ébahie,

Sans comprendre elle admire ce buis qui tournoie, et que raniment les coups.

Elle n’est pas moins pressée, la course qui entraîne la reine à travers les villes et les peuples farouches. »

Virgile, Énéide, VII, v. 378-384

On voit donc  les termes de trochus, meta, turbo apparaître au gré des textes de philosophes ou écrivains et ce ne serait que vers le XIIIéme siècle qu’apparaîtrait le nom de sabot.

Le nom viendrait probablement de la coutume que l’on avait autrefois ou rien de se perdait de tailler ce type d’objet dans les sabots hors d’usage.

Deux possibilités:

Dans la pointe de ceux-ci ce qui en expliquerait la variante creuse que l’on met en rotation en posant son pouce à l’intérieur.

mise en mouvement d’une « toupie russe », sabot creux , illustration livre de R.H. d’Allemagne

Et la variante pleine réalisée à partir du talon de la chaussure de bois que l’on met en rotation par mouvement de frottement sec entre les deux mains…

Une anecdote relatée sur le fils aîné de Jacques d’Angleterre, rappelle la difficulté d’effectuer la mise en rotation.

« La première fois que le prince allait à Sterling pour y rencontrer le Roi, il aperçut à distance des portes de la ville une meule de foin qui avait sensiblement la forme d’un sabot renversé, Comme le prince s’adonnait régulièrement à ce divertissement, il s’écria donc ; « voilà un bien joli sabot ! »

« Et pourquoi ne point jouer avec ? » lui demanda un membre de sa suite ;

« Je le ferai avec plaisir si vous voulez le mettre en train pour moi !! » répondit le prince…

Un bon joueur de sabot sait le faire chanter, celui-ci arrivé sur un bon rythme émet une sorte de ronronnement. Cela dépend souvent de sa forme et de l’état d’usure de sa pointe.

Petit poème anonyme

Ce sabot ainsi maltraité

Quoi qu’il soit rudement fouetté

S’endort et fait la sourde oreille.

Et ce qui surprend ce marmot,

C’est que le fouet qui le réveille

Sert pour endormir son sabot…

 

Ce petit texte indique la difficulté de faire bien tourner son sabot, le risque étant de plus freiner qu’activer le jouet.

On retrouve divers type de fouet mais les plus courants comprenaient deux  lanières en peau d’anguille.

On parle de maintenir en vie un sabot à l’aide de son fouet.

Une gravure hollandaise de 1712, décrit une sorte de martinet à multiple lanière pour activer un trochus.

Tiré de l’improvisateur français

De la jeunesse innocent amusette

Semblable à qui me fait mouvoir,

Sachez que plus on me fouette

Mieux aussi je fais mon devoir.

De la leçon de morale que l’on pouvait en tirer et de la vertu de la correction sur la réalisation de son « devoir »

Pour certain le jeu du sabot représente la vie humaine, façonné par autrui il prend vie sous l’impulsion de son créateur ou de son maître, puis il évolue selon les coups du sort et de la vie, bien lancé et enfin stabilisé et bien équilibré il poursuit sa route jusqu’à s’endormir du plus profond sommeil.

Jean-Jacques

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